L’abbaye de la Sainte Croix fut fondée au 12ème siècle par le comte Etienne de Penthièvre. Elle eut pour premier abbé Saint Jean de la Grille, futur évêque de Saint-Malo. Les bâtiments, délaissés et en mauvais état, furent une première fois restaurés au 14ème siècle, puis une seconde fois vers 1750. A la Révolution, l’ensemble fut vendu comme bien national. Le logis abbatial du 16ème siècle, avec sa tourelle escalier, fut reconverti en ferme mais le cloître disparut en pierres de carrière et l’église abbatiale, abandonnée, tomba progressivement en ruines. Elle conserva sa toiture jusqu’au début du 20ème siècle. De nos jours, seuls subsistent le chevet et la croisée du transept du 18ème siècle, ainsi que les arcades brisées du carré de l’édifice primitif, avec leurs chapiteaux. Reliquat du mur d’enceinte, l’ancien portail piéton, connu sous le nom de porte du roi, montre une plaque de pierre gravée datée de 1636, au milieu d’écussons martelés.

 

A côté de l’abbaye, un village de tisserands et de tanneurs s’agglomère progressivement, près de la rivière. En partie détruit en 1489, lors du siège de Guingamp, ce faubourg connait ensuite la richesse grâce à la fabrication et au commerce des toiles de lin, de chanvre et de laine. Puis, au 19ème siècle, les dernières toileries ferment, la voie du nouveau chemin de fer isole le village et Sainte-Croix, délaissé, devient progressivement un quartier mal famé, un lieu d’insécurité, d’insalubrité et de misère. La municipalité de Guingamp envisage même pendant un temps de le raser.